Jour 3 - Matinée culturelle avec la visite de Saint Pierre

flèche à garder Jeudi 17 Mars flèche à garder

Bonjour ! Ma nuit fut bien meilleure que la précédente et c'est un peu plus reposée que je me lève.

Après un petit déjeuner préparé avec nos courses de la veille, direction la ville de Saint Pierre, située à une petite trentaine de kilomètres.

La commune de Saint-Pierre, qui se situe au pied de la Montagne Pelée, a vu son destin basculer d'une façon tragique avec l'éruption du volcan en 1902... Nous allons pouvoir visiter la ville à pied en compagnie de Fernand Pain, un pierrotin amoureux de sa ville.
Avant la crise du covid Fernand organisait des tours guidés à bord d'un petit train nommé le CYPARIS EXPRESS mais les visites guidées se font dorénavant à pied. Elles ont lieu les mardi, jeudi et samedi à 10 heures, sans réservation, au prix de 15 euros/personne.

Si vous désirez plus d'infos je vous invite à consulter sa page facebook ICI.

l'itinéraire jusque Saint-Pierre

 
 

Après 40 minutes de route nous arrivons dans le centre de Saint-Pierre.

Nous nous garons le long de la route qui longe la plage et nous dirigeons vers le point de rendez-vous de la visite : Cyparis Station, rue Bouillé, en face des ruines du Figuier.

tout en patientant, coup d'oeil sur l'anse Turin

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Après avoir patienté quelques minutes Fernand arrive et accueille toute notre joyeuse troupe constituée d'une petite quarantaine de personnes (pas de quota imposé).

et vlà le Fernand en question !

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Avant de partir Fernand nous explique un peu l'histoire de la ville de Saint-Pierre. Si vous aussi vous désirez connaître l'histoire de cette ville meurtrie par l'éruption du Mont Pelée je vous invite à développer la ligne ci-dessous.

SAINT-PIERRE AVANT L'ERUPTION VOLCANIQUE

Ville meurtrie... Déjà en 1780 un ouragan ravage la ville en provoquant un raz-de-marée ! Malgré tout la ville renaît et se développe grâce à l'industrie sucrière et à l'esclavage.

Vint le 15 septembre 1635 où le flibustier Pierre Belain D'esnambuc débarque dans la rade de Saint-Pierre avec 150 colons pour y installer la première colonie permanente de la Martinique pour le compte de la couronne de France. Lors de son débarquement une éruption du volcan venait d'avoir lieu... pas d'bol ! Cette éruption provoqua la destruction de la végétation sur le sommet et sur une grande partie des flancs du volcan. Les historiens pensent que cet état de désolation est sans doute à l'origine du nom que les colons français donnèrent au volcan en arrivant en Martinique.

Saint-Pierre est le premier point de colonisation des Antilles par les français. Pendant les première décennies de l'implantation française l'île est productrice de denrées fournissant de forts profits : tabac, roucou (fruit), indigo (teinture bleue issue de l'indigotier), cacao. La crise du tabac aux environs de 1650 ruine les premiers planteurs qui se tournent vers la production de sucre.

La ville se développe grâce à l'industrie sucrière et au commerce des esclaves. Le port attire alors des navires et marchands du monde entier. Une riche bourgeoisie commerçante prend essor. Elle se fait construire des maisons de campagne au-dessus de la ville et de Morne Rouge pour profiter de la fraîcheur le dimanche et modernise la ville en la dotant d'équipements publics et de loisirs n'ayant rien à envier à ses modèles européens. Surnommée le Petit Paris, le Paris des Isles, la Perle des Antilles ou encore la Venise Tropicale, la ville est alors chef-lieu mais aussi la capitale économique et culturelle de toutes les Antilles.

En 1900 Saint-Pierre, cas unique dans la région, possède un équipement particulièrement moderne : un réseau d'éclairage urbain électrique, un tranmway hyppomobile, une chambre de commerce, l'un des premiers asiles soignant les aliénés, un jardin botanique, un port très actif et un théâtre de 800 places !

1902, QUAND LE VOLCAN SE REVEILLE volcan

  • Début avril 1902 : des fumerolles apparaissent au sommet du volcan. S'ensuivent une pluie de cendres et des grondements souterrains
     
  • 25 avril : un grand nuage de roches et de cendres s'échappe du sommet
     
  • 27 avril (1er jour de l'élection législative : une forte odeur de souffre envahit Saint-Pierre
     
  • 2 mai : la montagne Pelée produit de fortes détonations et des tremblements de terre. Un panache de fumée s'élève dans le ciel, masquant le soleil.
    Bien que les évènements soient inquiétants l'administration souhaite que le second tour des élections se déroule normalement.
    Les personnalités de la ville se partagent entre partisans et adversaires de l'évacuation de la ville, selon les opinions politiques.
     
  • 4 mai : les chutes de cendres s'intensifient. Les routes vers le nord sont coupées à cause des ravines en crue, créant un début d'affolement de la population et les premiers départs.
     
  • 5 mai : Les rues de la ville sont envahies de serpents fer-de-lance chassés des hauteurs par les cendres brûlantes et dont la morsure mortelle tue 50 personnes et plus de 200 animaux.
    Pendant ce temps, à l'embouchure de la Rivière Blanche, l'usine sucrière Guérin est envahie pour les mêmes raisons par des myriades de fourmis et scolopendres venimeux avant d'être ensevelie sous
    plus de 6 mètres de boue brûlante, faisant 25 victimes.
    Au même moment la mer se retire de 100 mètres et provoque un tsunami qui envahit le bas de Saint-Pierre.

    Des dizaines d'habitants ont déjà quitté la ville et certaines voix recommandent une évacuation mais, en raison de la proximité du second tour des élections partielles du 11 mai qu'il est compliqué de reporter, aucune mesure d'évacuation n'est mise en place par les autorités et les divers notables (maire, gouverneur etc...) qui minimisent le danger...
    Ils allèrent même jusqu'à interdire aux bateaux amarrés dans la baie de lever l'ancre ! Seul un capitaine italien désobéit : il venait de Naples, à deux pas de Pompéï et ce n'était sans doute pas un hasard. Quand on le menaça de sanctions économiques il rétorqua que plus personne ne serait là pour les lui faire payer : "demain vous serez tous morts".
     
  • 8 mai jour de l'Ascension à 7 h 52 : une nuée ardente dévale le volcan vers Saint-Pierre à la vitesse de 670 km/h. Cette masse gazeuse et solide de plus de 1 000° rase en quelques minutes toute la ville en tuant 26 000 personnes et en détruisant 40 navires dans la rade.
     
  • le 20 mai : une seconde éruption, encore plus violente que la première, finit de dévaster la ville.

    Aux lendemains de la destruction de la ville des gens, venus des communes voisines et des îles d'à côté organisent un pillage systématique, sous prétexte de retrouver leur famille... Un pillage officiel est ensuite organisé par l'Etat Français qui se dépêche de récupérer l'or et les numéraires des banques de Saint-Pierre.


quelques photos prises quelques jours après la catastrophe (tirées du net)


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Visite de Saint-Pierre avec Fernand (Cyparis Express)

Fernand a terminé son topo, nous montons vers le Théâtre Antique

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construit en 1786 sur le modèle du grand théâtre de Bordeaux, ce théâtre pouvait accueillir 800 personnes

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déficitaire il fermera en 1901

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une fois les escaliers montés vue sur le Mont Pelé
que nous verrons toujours la tête dans les nuages

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A savoir que le théâtre fait l'objet d'un engouement considérable dans la société française du 18e siècle, qui finit par atteindre également les colonies françaises à la fin du siècle. 
Ainsi la nécessité d'un théâtre permanent en Martinique et à Saint-Pierre s'impose progressivement comme un élément incontournable dans une ville digne de ce nom et dont l'enrichissement dans le commerce du sucre permet une politique d'amélioration urbaine.

Ainsi un négociant de la ville adresse en 1780 un mémoire aux autorités coloniales pour les convaincre d'établir un théâtre et il pourra dire ensuite : "les créoles qui s'abâtardissent sensiblement chaque jour ont puisé dans le spectacle tout à coup l'énergie, le goût et l'ardeur de s'instruire... Les habitants de couleur ont perdu leur barbarie... A l'aide du spectacle on verra dans peu d'années les habitants de la Martinique ne plus se différencier des Européens que par leur climat"...

en nous retournant nous pouvons distinguer l'ancien vestibule dallé de marbre et un parterre 
en demi-cercle autour duquel se trouvaient les loges avec la fosse d'orchestre devant

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Tout ce que je viens de vous dire est issu d'informations tirées du net que j'avais préparées avant le départ. Sinon Fernand n'a rien expliqué de tout ça ou nous ne l'avons pas entendu... Et oui, être guide ne s'improvise pas ! Il faut savoir attendre que le groupe soit réuni au complet avant d'entamer les explications, chose qu'il ne faisait jamais. Pour le coup si vous ne restez pas à ses côtés constamment vous manquez la majeure partie de ses propos.

Certes Fernand est un Pierrotin qui aime beaucoup sa ville mais son discours est un peu décousu... il parle de l'éruption de la Montagne Pelée, puis de l'esclavage, puis des enjeux politiques auxquels Saint-Pierre et la Martinique ont dû faire face, puis de l'esclavage et des problèmes sociaux à Saint-Pierre aujourd'hui, tout ça "en vrac" et répondant vaguement aux questions des touristes lorsque cela n'était pas prévu dans son discours...

Pour tout dire la visite de Saint-Pierre en compagnie de Fernand ne me paraît pas indispensable. Certes le gars est sympa mais vous pouvez faire ce tour de la ville par vous mêmes après avoir bien préparé le sujet auparavant. Les sites ne sont pas difficiles à trouver et vous économiserez la somme de 15 euros ! Si vous le désirez je peux même vous transmettre mes documents !

bon, nous sommes toujours avec Fernand dans le théâtre mais franchement, 
on a lâché l'affaire !

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en contrebas les ruines de l'ancienne prison

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cette ancienne prison est célèbre pour avoir abrité le cachot de Cyparis, unique survivant de l'éruption du volcan

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Louis-Auguste Cyparis, alors prisonnier pour avoir agressé un camarade au couteau lors d'une bagarre alcoolisée
a survécu à la catastrophe et fut découvert 3 jours après par les sauveteurs

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La position du cachot où était enfermé Louis-Cyparis, presque adossée au murs de la clôture, les murs épais de la géole et les rares ouvertures dans les murs ont protégé le cachot de l'effet de souffle et ont évité à Cyparis un contact direct avec l'entrée massive de gaz brûlants. 

le cachot de Cyparis (flèche rouge)

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Souffrant de nombreuses brûlures après son sauvetage, Cyparis sera plus tard engagé par le cirque Barnum aux Etats-Unis pour les exhiber au public.

en rejoignant la sortie, coup d'oeil à une statue en roches volcaniques datant de 1917
et représentant Saint-Pierre renaissant de ses cendres

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avant de quitter le site petite photo de groupe

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Toujours à pied... et toujours derrière Fernand... nous nous dirigeons vers le pont Roches qui enjambe la rivière Roxelane.

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puis on "remonte" la rivière

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pour ceux qui voudraient visiter Saint-Pierre,
nous sommes ici sur la rue Levassor

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en chemin Fernand nous montre des fleurs et arbres

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Et c'est en chemin également qu'il se met à tomber une drache, terme employé chez nous dans le nord et signifiant une grosse averse ! averse  Bref une bonne averse tropicale. Comme on n'est pas malins on n'avait pas prévu les KWays et nous sommes une poignée à continuer la visite en tee-shirts tandis que d'autres, plus prévoyants, commencent à enfiler leurs vêtements de pluie... pour les retirer 5 minutes plus tard ! Le soleil revient et nos tee-shirts sèchent !

et nous arrivons devant la Maison Coloniale de la Santé,
en fait l'ancien asile fou

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construit en 1839 c'est le 1er hôpital psychiatrique des Antilles 

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les soeurs de Saint Paul qui dirigent l'asile emploient pour soigner les malades une méthode novatrice : l'hydrothérapie. 
Le patient est plongé dans des bains d'eau fraîche provenant du Mont Pelé pour être douché au jet puis cloîtré dans sa cellule

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La chimiothérapie limitée à l'époque et l'augmentation constante du taux de malades entre 1839 et 1902 (l'abolition de l'esclavage de 1848 accentuant ce taux), permit d'affiner cette technique novatrice qu'est l'hydrothérapie qui était d'ailleurs le seul traitement proposé aux malades.

D'ailleurs le quartier d'isolement qui abritait des pensionnaires dangereux et à réinsertion difficile, était situé en contrebas de la maison coloniale de la santé et bénéficiait des bruits de la rivière Roxelane, ce qui calmait les malades. 

on peut encore observer quelques cellules et une chaise de contention ancrée dans le sol

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et lui c'est qui ? c'est le chien tout simplement !
c'est un chien errant habitué à suivre les groupes qui connaît par coeur l'itinéraire de Fernand

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Nous rejoignons la sortie en ayant une petite pensée pour les 200 pensionnaires, 14 infirmières, 5 religieuses, 2 médecins, l'aumônier et le gérant de l'établissement morts lors de la terrible nuée ardente émise par le volcan lors de son éruption...

coup d'oeil en sortant à l'ancien pavement que j'ai révélé
simplement en ôtant la poussière avec ma chaussure...

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direction maintenant le bureau du Génie et des Ponts et Chaussée
de l'autre côté de la route

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Une ordonnance du 16 décembre 1839 stipulait que les aliénés devaient justifier d'une bonne alimentation en eau, tant en quantité qu'en qualité. La maison coloniale de la santé s'est donc dotée d'un ingénieux système hydraulique pour ses soins thérapeutiques mais aussi pour ses besoins sanitaires et domestiques. Mis en place par les bureaux du Génie, cette institution pouvait alors tirer parti de la proximité de la rivière Roxelane dans le but d'offrir apaisement et quiétude aux malades.

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pas grand chose à voir ici à part des bâtiments vides,
le chien nous attend pour partir

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toujours avec "le chien" nous redescendons la rue pour arriver devant la rue Mont au Ciel

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c'est ici que "le chien" nous quitte alors que nous arrivons au bord de la mer,
devant l'ancien Fort

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Et nous rejoignons le point de rendez-vous où les membres du groupe s'acquittent du montant de la visite, en liquide SVP !
Comme dit précédemment 15 €/personne... à pied ! Même prix qu'en train, mais sans les frais d'entretien, du tout bénéf !

Bref cette visite guidée qui a duré 3 heures est intéresssante mais un peu difficile du fait qu'il est n'est pas toujours possible d'entendre les explications de Fernand si l'on se trouve en "bout de course". Elle reste tout à fait faisable par soi-même avec un minimum d'infos explicatives en main.

Nous nous dirigeons maintenant vers le marché couvert situé au bord de la plage, nous y avons repéré un resto bien noté sur Tripadvisor...

nous passons devant les anciennes maisons du quartier du Figuier
à l'origine occupées par les militaires servant une batterie qui protégeait la ville d'éventuelles attaques par la mer

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plus tard de riches commerçants y installèrent boutiques et entrepôts
Saint-Pierre était alors un des ports de commerce les plus riches de toute la Caraïbe

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ici une maison abandonnée joliment décorée

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et nous voici au marché couvert fermé à cette heure

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Il faut monter à l'étage pour y trouver le restaurant LE GUERIN. Attention ! il y a très peu de tables, mieux vaut réserver. Tout est déjà plein à cette heure mais un serveur nous installe une petite table dans un coin. Alors, le décor n'est vraiment pas top et la salle est hyper bruyante mais il paraît qu'on y mange bien... Nous verrons bien, pour l'instant nous attendons notre commande...

commande qui arrive : 
2 demi-cuits de thon et 2 bières

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Alors comment dire... nous avions faim et nous avons mangé mais on ne peut pas dire que celà fut topissime ! Et on trouve l'addition assez chère : 44 euros pour ça, ça pique !

Une fois terminé on retourne à la voiture et là, on se pose la question de "quoi faire" ? Allez visiter le reste de la ville de Saint-Pierre ??? Négatif ! il fait 38°.
 

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Essayer de trouver une plage avec de l'ombre ? Oui !!

Go ! Nous reprenons la route de retour vers Schoelcher et nous arrêtons à une plage à la sortie de Saint-Pierre.

plage sympa certes en bord de route passante mais on fait avec

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sable fin couvert de feuilles mais avec des arbres qui donnent de l'ombre !

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Après y avoir "glandé" jusque 17 h 15 nous remontons et rentrons à Schoelcher.

Ce soir pas de resto-baraque en bord de plage. Pour changer nous décidons de manger italien, au restaurant l'APICIUS. Après avoir présenté nos pass sanitaires (demandés pour la 1e fois lors de nos repas jusqu'ici) nous nous installons et commençons la soirée par 2 planteurs.

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et nous enchaînons avec 2 linguini carbonara
succulents et très copieux 

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C'est bien rassasiés que nous retournons à la chambre.

Demain au programme un petit bout de la Route de la Trace et visite d'une rhumerie flèche à garder

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