Fernand a terminé son topo, nous montons vers le Théâtre Antique

construit en 1786 sur le modèle du grand théâtre de Bordeaux, ce théâtre pouvait accueillir 800 personnes

déficitaire il fermera en 1901

une fois les escaliers montés vue sur le Mont Pelé
que nous verrons toujours la tête dans les nuages

A savoir que le théâtre fait l'objet d'un engouement considérable dans la société française du 18e siècle, qui finit par atteindre également les colonies françaises à la fin du siècle.
Ainsi la nécessité d'un théâtre permanent en Martinique et à Saint-Pierre s'impose progressivement comme un élément incontournable dans une ville digne de ce nom et dont l'enrichissement dans le commerce du sucre permet une politique d'amélioration urbaine.
Ainsi un négociant de la ville adresse en 1780 un mémoire aux autorités coloniales pour les convaincre d'établir un théâtre et il pourra dire ensuite : "les créoles qui s'abâtardissent sensiblement chaque jour ont puisé dans le spectacle tout à coup l'énergie, le goût et l'ardeur de s'instruire... Les habitants de couleur ont perdu leur barbarie... A l'aide du spectacle on verra dans peu d'années les habitants de la Martinique ne plus se différencier des Européens que par leur climat"...
en nous retournant nous pouvons distinguer l'ancien vestibule dallé de marbre et un parterre
en demi-cercle autour duquel se trouvaient les loges avec la fosse d'orchestre devant

Tout ce que je viens de vous dire est issu d'informations tirées du net que j'avais préparées avant le départ. Sinon Fernand n'a rien expliqué de tout ça ou nous ne l'avons pas entendu... Et oui, être guide ne s'improvise pas ! Il faut savoir attendre que le groupe soit réuni au complet avant d'entamer les explications, chose qu'il ne faisait jamais. Pour le coup si vous ne restez pas à ses côtés constamment vous manquez la majeure partie de ses propos.
Certes Fernand est un Pierrotin qui aime beaucoup sa ville mais son discours est un peu décousu... il parle de l'éruption de la Montagne Pelée, puis de l'esclavage, puis des enjeux politiques auxquels Saint-Pierre et la Martinique ont dû faire face, puis de l'esclavage et des problèmes sociaux à Saint-Pierre aujourd'hui, tout ça "en vrac" et répondant vaguement aux questions des touristes lorsque cela n'était pas prévu dans son discours...
Pour tout dire la visite de Saint-Pierre en compagnie de Fernand ne me paraît pas indispensable. Certes le gars est sympa mais vous pouvez faire ce tour de la ville par vous mêmes après avoir bien préparé le sujet auparavant. Les sites ne sont pas difficiles à trouver et vous économiserez la somme de 15 euros ! Si vous le désirez je peux même vous transmettre mes documents !
bon, nous sommes toujours avec Fernand dans le théâtre mais franchement,
on a lâché l'affaire !


en contrebas les ruines de l'ancienne prison

cette ancienne prison est célèbre pour avoir abrité le cachot de Cyparis, unique survivant de l'éruption du volcan

Louis-Auguste Cyparis, alors prisonnier pour avoir agressé un camarade au couteau lors d'une bagarre alcoolisée
a survécu à la catastrophe et fut découvert 3 jours après par les sauveteurs

La position du cachot où était enfermé Louis-Cyparis, presque adossée au murs de la clôture, les murs épais de la géole et les rares ouvertures dans les murs ont protégé le cachot de l'effet de souffle et ont évité à Cyparis un contact direct avec l'entrée massive de gaz brûlants.
le cachot de Cyparis (flèche rouge)

Souffrant de nombreuses brûlures après son sauvetage, Cyparis sera plus tard engagé par le cirque Barnum aux Etats-Unis pour les exhiber au public.
en rejoignant la sortie, coup d'oeil à une statue en roches volcaniques datant de 1917
et représentant Saint-Pierre renaissant de ses cendres


avant de quitter le site petite photo de groupe

Toujours à pied... et toujours derrière Fernand... nous nous dirigeons vers le pont Roches qui enjambe la rivière Roxelane.

puis on "remonte" la rivière

pour ceux qui voudraient visiter Saint-Pierre,
nous sommes ici sur la rue Levassor

en chemin Fernand nous montre des fleurs et arbres

Et c'est en chemin également qu'il se met à tomber une drache, terme employé chez nous dans le nord et signifiant une grosse averse !
Bref une bonne averse tropicale. Comme on n'est pas malins on n'avait pas prévu les KWays et nous sommes une poignée à continuer la visite en tee-shirts tandis que d'autres, plus prévoyants, commencent à enfiler leurs vêtements de pluie... pour les retirer 5 minutes plus tard ! Le soleil revient et nos tee-shirts sèchent !
et nous arrivons devant la Maison Coloniale de la Santé,
en fait l'ancien asile 

construit en 1839 c'est le 1er hôpital psychiatrique des Antilles

les soeurs de Saint Paul qui dirigent l'asile emploient pour soigner les malades une méthode novatrice : l'hydrothérapie.
Le patient est plongé dans des bains d'eau fraîche provenant du Mont Pelé pour être douché au jet puis cloîtré dans sa cellule

La chimiothérapie limitée à l'époque et l'augmentation constante du taux de malades entre 1839 et 1902 (l'abolition de l'esclavage de 1848 accentuant ce taux), permit d'affiner cette technique novatrice qu'est l'hydrothérapie qui était d'ailleurs le seul traitement proposé aux malades.
D'ailleurs le quartier d'isolement qui abritait des pensionnaires dangereux et à réinsertion difficile, était situé en contrebas de la maison coloniale de la santé et bénéficiait des bruits de la rivière Roxelane, ce qui calmait les malades.
on peut encore observer quelques cellules et une chaise de contention ancrée dans le sol



et lui c'est qui ? c'est le chien tout simplement !
c'est un chien errant habitué à suivre les groupes qui connaît par coeur l'itinéraire de Fernand

Nous rejoignons la sortie en ayant une petite pensée pour les 200 pensionnaires, 14 infirmières, 5 religieuses, 2 médecins, l'aumônier et le gérant de l'établissement morts lors de la terrible nuée ardente émise par le volcan lors de son éruption...
coup d'oeil en sortant à l'ancien pavement que j'ai révélé
simplement en ôtant la poussière avec ma chaussure...

direction maintenant le bureau du Génie et des Ponts et Chaussée
de l'autre côté de la route


Une ordonnance du 16 décembre 1839 stipulait que les aliénés devaient justifier d'une bonne alimentation en eau, tant en quantité qu'en qualité. La maison coloniale de la santé s'est donc dotée d'un ingénieux système hydraulique pour ses soins thérapeutiques mais aussi pour ses besoins sanitaires et domestiques. Mis en place par les bureaux du Génie, cette institution pouvait alors tirer parti de la proximité de la rivière Roxelane dans le but d'offrir apaisement et quiétude aux malades.


pas grand chose à voir ici à part des bâtiments vides,
le chien nous attend pour partir

toujours avec "le chien" nous redescendons la rue pour arriver devant la rue Mont au Ciel

c'est ici que "le chien" nous quitte alors que nous arrivons au bord de la mer,
devant l'ancien Fort


Et nous rejoignons le point de rendez-vous où les membres du groupe s'acquittent du montant de la visite, en liquide SVP !
Comme dit précédemment 15 €/personne... à pied ! Même prix qu'en train, mais sans les frais d'entretien, du tout bénéf !
Bref cette visite guidée qui a duré 3 heures est intéresssante mais un peu difficile du fait qu'il est n'est pas toujours possible d'entendre les explications de Fernand si l'on se trouve en "bout de course". Elle reste tout à fait faisable par soi-même avec un minimum d'infos explicatives en main.
Nous nous dirigeons maintenant vers le marché couvert situé au bord de la plage, nous y avons repéré un resto bien noté sur Tripadvisor...
nous passons devant les anciennes maisons du quartier du Figuier
à l'origine occupées par les militaires servant une batterie qui protégeait la ville d'éventuelles attaques par la mer

plus tard de riches commerçants y installèrent boutiques et entrepôts
Saint-Pierre était alors un des ports de commerce les plus riches de toute la Caraïbe

ici une maison abandonnée joliment décorée

et nous voici au marché couvert fermé à cette heure

Il faut monter à l'étage pour y trouver le restaurant LE GUERIN. Attention ! il y a très peu de tables, mieux vaut réserver. Tout est déjà plein à cette heure mais un serveur nous installe une petite table dans un coin. Alors, le décor n'est vraiment pas top et la salle est hyper bruyante mais il paraît qu'on y mange bien... Nous verrons bien, pour l'instant nous attendons notre commande...
commande qui arrive :
2 demi-cuits de thon et 2 bières

Alors comment dire... nous avions faim et nous avons mangé mais on ne peut pas dire que celà fut topissime ! Et on trouve l'addition assez chère : 44 euros pour ça, ça pique !
Une fois terminé on retourne à la voiture et là, on se pose la question de "quoi faire" ? Allez visiter le reste de la ville de Saint-Pierre ??? Négatif ! il fait 38°.

Essayer de trouver une plage avec de l'ombre ? Oui !!
Go ! Nous reprenons la route de retour vers Schoelcher et nous arrêtons à une plage à la sortie de Saint-Pierre.
plage sympa certes en bord de route passante mais on fait avec

sable fin couvert de feuilles mais avec des arbres qui donnent de l'ombre !

Après y avoir "glandé" jusque 17 h 15 nous remontons et rentrons à Schoelcher.
Ce soir pas de resto-baraque en bord de plage. Pour changer nous décidons de manger italien, au restaurant l'APICIUS. Après avoir présenté nos pass sanitaires (demandés pour la 1e fois lors de nos repas jusqu'ici) nous nous installons et commençons la soirée par 2 planteurs.

et nous enchaînons avec 2 linguini carbonara
succulents et très copieux

C'est bien rassasiés que nous retournons à la chambre.
Demain au programme un petit bout de la Route de la Trace et visite d'une rhumerie 